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Troisième évaluation nationale

6.0 Constatations clés

Prévalence des effets

La plupart des mines (62/82 ou 76 %) qui ont terminé des études pour confirmer la présence d’au moins un effet et la moitié de celles qui ont rapporté des effets (32/62 ou 52 %) ont confirmé des effets à la fois sur les poissons et l’habitat des poissons. Une mine a confirmé l’absence d’effet sur les poissons, leur habitat et l’utilisation des ressources halieutiques. Une autre mine a rapporté un effet sur l’utilisation des ressources halieutiques (mercure dans les tissus des poissons), attribué à la contamination historique de la zone d’exposition plutôt qu’à l’effluent minier actuel.

Dans le cas particulier des poissons, 66 % (44/66) des mines ayant terminé des études pour évaluer des effets ont confirmé au moins un effet sur le poisson, alors que trois mines ont confirmé l’absence d’effet sur tous les indicateurs ayant trait aux poissons. Les changements (hausses ou baisses) du rapport entre le poids et la longueur du corps, « condition », ont été l’effet observé le plus prévalent, mais des changements au niveau de la survie, de la croissance, de la reproduction et de la taille relative du foie ont également été observés. Dans la zone d’exposition à l’effluent, les indicateurs ayant trait à la survie, à la croissance et à la taille relative du foie étaient souvent plus élevés, alors que ceux ayant trait à la reproduction et à la condition corporelle étaient souvent plus faibles.

En ce qui concerne l’habitat des poissons, 64 % des mines ayant entrepris des études pour évaluer des effets ont confirmé au moins un effet sur l’habitat des poissons, et trois mines ont confirmé l’absence d’effet sur tous les indicateurs de l’état du poisson. Les changements dans la structure de la communauté des invertébrés benthiques (mesurés par l’indice de Bray-Curtis) ont constitué l’effet confirmé le plus fréquent sur l’habitat, suivi par la baisse de la richesse taxonomique, les changements de densité (hausses et baisses) et les changements dans la distribution des individus parmi les divers taxons (mesurés par l’indice de régularité). Le nombre de mines qui ont confirmé une hausse de la densité dans la zone d’exposition à l’effluent était plus élevé que celui des mines ayant confirmé des baisses de densité dans cette zone. Les effets confirmés sur la régularité étaient à nombre égal des hausses ou des baisses dans la zone d’exposition à l’effluent. L’analyse comparative décrite à la sous-section 2.3 a confirmé l’absence d’effet faux positif qui aurait pu être dû à l’utilisation de la méthode décrite dans le Guide technique des études de suivi des effets sur l'environnement (Environnement Canada 2012a) pour le calcul de la signification statistique des différences indiquées par l’indice de Bray-Curtis.

Ampleur des effets

Presque toutes les mines (57/62 ou 92 %) ayant rapporté des effets confirmés ont observé au moins un effet dont l’ampleur peut indiquer un risque plus élevé pour l’environnementNote de bas de page 20. Soixante-quatre pour cent (28/44) des mines ayant rapporté des effets confirmés sur les poissons et toutes les mines, sauf une, ayant rapporté des effets confirmés sur l’habitat des poissons, ont observé au moins un effet dont l’ampleur peut indiquer un risque plus élevé pour l’environnement. Les effets confirmés sur la reproduction du poisson et la taille relative du foie et sur tous les indicateurs relatifs à l’habitat des poissons sont le plus souvent d’une ampleur qui pourrait indiquer un risque plus élevé pour l’environnement.

Types d’effets

Les types d’effets identifiés par la présente Troisième évaluation nationale étaient similaires à ceux identifiés lors de précédentes évaluations nationales publiées par Environnement et Changement climatique Canada (Lowell et al. 2008, Environnement Canada 2012b). Des effets sur la croissance, la survie, la reproduction et la condition du corps et du foie ont été observés chez les poissons dans les zones d’exposition. Les habitats des poissons exposés à l’effluent ont subi des changements au niveau de la structure de la communauté des invertébrés benthiques et du nombre d’espèces et d’individus présents (tableau 2).

Tableau 2. Résumé des effets confirmés, observés chez les poissons et leur habitat dans les environnements aquatiques recevant des effluents de mines de métaux

Poisson
Indicateur de l’effetComparaison avec la zone de référence (nombre de mines)Comparaison avec la zone de référence (nombre de mines)
conditionpoissons plus gras (10)poissons plus minces (16)
Taille du foiefoies plus gros (9)foies plus petits (6)
reproductiongonades plus grosses (8)gonades plus petites (11)
croissancecroissance accélérée (12)croissance ralentie (9)
surviepoissons plus vieux (10)poissons plus jeunes (7)
Habitat des poissons (communauté des invertébrés benthiques)
Indicateur de l’effetComparaison avec la zone de référence (nombre de mines)Comparaison avec la zone de référence (nombre de mines)
densitéplus d’individus par unité de surface (11)moins d’individus par unité de surface (5)
richesse taxonomiqueplus d’espèces (4)moins d’espèces (16)
indice de régularitédistribution plus égale parmi les taxons (4)distribution moins égale parmi les taxons (5)
indice de similitudechangement dans la structure de la communauté (45)changement dans la structure de la communauté (45)

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Qualité des effluents

La toxicité sublétale globale des effluents miniers est demeurée stable pendant les dix premières années de l’entrée en vigueur du REMM. L’inhibition de la croissance des algues a diminué de 2007 à 2011, suggérant une tendance possible à la décroissance de la toxicité sublétale de l’effluent pour la croissance des algues. Toutefois la toxicité sublétale s’est accrue de nouveau en 2012. Parmi les types de minerai, nous avons noté les mêmes tendances à la baisse de la toxicité sublétale pour les algues pour les métaux de base et les métaux précieux, et une hausse de cette toxicité en 2012. Dans le cas des minerais d’uranium, de fer ou « autres », il a été difficile de dégager des tendances significatives, à cause du petit nombre d’essais réalisés chaque année et la forte variabilité d’une année à l’autre. Les essais les plus sensibles pour les effluents des mines de métaux ont été ceux sur l’inhibition de la reproduction des invertébrés et de la croissance des plantes aquatiques (nombre de feuilles). L’essai le moins sensible était celui sur l’inhibition de la croissance des larves de poissons. Pendant la période au cours de laquelle les incidences de stimulation (croissance accrue) ont été rapportées, entre 2010 et 2012, on a observé une stimulation respective de 19 et 55 % lors des essais sur la croissance des plantes et des algues.

Ampleur et étendue géographique des effets

La plupart des mines (25/29 ou 86 %) qui ont évalué l’ampleur et l’étendue géographique des effets confirmés dans la zone d’exposition près du point de rejet de l’effluent (zone proche) ont observé un ou plusieurs effets identiques dans la zone d’exposition éloignée du point de rejet de l’effluent (zone éloignée). La moitié des mines (14/25 ou 56 %) qui ont évalué l’ampleur et l’étendue géographique de plusieurs effets confirmés (en zone proche) ont observé les mêmes effets multiples dans les zones éloignées. Les effets confirmés en zone proche sur les poissons et l’habitat des poissons ont été respectivement observés dans 31 et 55 % des cas en zone éloignée. Plus de 50 % du temps, l’ampleur des effets observés sur les poissons dans les zones éloignées était plus faible que celle des effets confirmés en zone proche. L’ampleur des effets sur l’habitat des poissons observés dans les zones éloignées était similaire à celle des effets confirmés en zone proche, ce qui est indicatif d’un risque plus grand pour l’environnement. Aucune relation n’a pu être établie entre l’occurrence d’effets en zones éloignées et la distance entre ces zones et le point de rejet de l’effluent.

Causes des effets

La plupart des recherches de causes entreprises par les mines ont porté sur des effets confirmés multiples. Environ la moitié des 35 mines ayant réalisé des recherches sur les causes cherchaient à expliquer des effets inhibiteurs (pour lesquels les indicateurs pertinents sont plus petits dans la zone d’exposition que dans la zone de référence). Les autres mines cherchaient les causes d’effets stimulants (pour lesquels les indicateurs pertinents sont plus élevés dans la zone d’exposition que dans la zone de référence), ou encore une combinaison d’effets inhibiteurs et stimulants.

Des 26 mines qui ont terminé leurs recherches sur les causes, 77 % ont déterminé que l’effluent actuel de la mine est la cause principale ou probable contribuant aux effets. Deux mines ont déterminé que les substances de l’effluent constituaient une cause, mais n’ont pas indiqué si l’effluent minier actuel en était la source. Quatre mines ont indiqué que les effets étaient causés par des facteurs non liés à la mine.

Les substances suivantes présentes dans l’effluent ont été identifiées comme causes possibles des effets observés :

  • principaux ions
  • métaux
  • composés de l’azote (ammoniac et nitrates)
  • solides en suspension totaux
  • phosphore
  • sélénium

Les ions principaux et le phosphore tendent à être associés à des effets stimulants,  alors que les métaux, le sélénium et les solides en suspension totaux étaient le plus souvent associés à des effets inhibiteurs. Les composés azotés étaient associés à des effets et stimulants et inhibiteurs.

Les causes potentielles identifiées comme devant faire l’objet d’une étude plus poussée par les neuf mines réalisant actuellement des recherches de causes comprennent les composés azotés, le sélénium et les ions principaux dans l’effluent minier, les métaux présents dans l’effluent minier et/ou les sédiments, ainsi que des facteurs non liés aux mines.

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