Rapport final d’évaluation préalable pour Aspergillus oryzae ATCC 11866

Environnement Canada

Santé Canada

Janvier 2017

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Table des matières

Liste des tableaux

Listes des figures

Sommaire

Conformément à l’alinéa 74b) de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) (LCPE), les ministres de l’Environnement et de la Santé ont procédé à une évaluation préalable de la souche ATCC 11866 d’A. oryzae.

A. oryzae ATCC 11866 est un champignon du groupe Aspergillus flavus et possède des caractéristiques communes avec deux espèces de ce groupe, A. oryzae et A. flavus.

A. oryzae est présent dans les installations où il est utilisé pour la fermentation alimentaire, principalement au Japon et en Chine, mais on le trouve occasionnellement dans le sol ou sur des matières végétales en décomposition. A. oryzae est considéré par certains taxonomistes comme un groupe de souches domestiquées d’A. flavus qui ont perdu la capacité de produire des aflatoxines et qui présentent une sporulation clairsemée ainsi que du mycélium aérien floconneux. Même si A. oryzae est presque identique à A. flavus du point de vue génétique, il est classé comme une espèce distincte afin d’indiquer qu’il s’agit de souches convenant à la production alimentaire. Il n’y a aucune donnée probante dans la littérature scientifique qui indique qu’A. oryzae est un agent phytopathogène ou zoopathogène, même si quelques cas d’infection ont été signalés chez des animaux exposés à des facteurs prédisposants. Dans des circonstances normales, il est peu probable qu’il pose un risque grave pour les animaux d’élevage en santé ou d’autres organismes dans l’environnement. Les données tirées de la littérature scientifique indiquent qu’A. oryzae est peu susceptible de causer des infections chez les personnes en santé ou affaiblies.

A. flavus est généralement considéré comme omniprésent dans la nature et a la capacité de croître dans divers habitats terrestres et aquatiques. A. flavus est un agent phytopathogène qui est associé à des maladies chez le maïs, les graines de coton, les noix et les cultures d’oléagineux. A. flavus a également été signalé comme zoopathogène opportuniste causant des mycoses (infections), surtout chez des oiseaux, et des mycotoxicoses (maladies provenant de l’ingestion d’aliments pour animaux contaminés par des toxines), provoquant divers symptômes pouvant affaiblir l’hôte. A. flavus peut causer des infections des sinus et des yeux chez des personnes en santé ainsi que des maladies pulmonaires et des infections systémiques potentiellement mortelles chez les groupes vulnérables (p. ex. les nourrissons et les personnes âgées, les sujets immunodéprimés et ceux atteints d’une maladie concomitante débilitante).

Quelques rares cas de réactions allergiques causées par l’une ou l’autre de ces espèces ont été signalés chez les humains et les animaux, dont une hypersensibilité chez des personnes vulnérables.

La souche ATCC 11866 d’ A. oryzae avait initialement été sélectionnée en raison de sa production élevée de protéases. Cette propriété pourrait présenter un intérêt commercial ou industriel vu son utilité pour la fermentation, la production d’enzymes, la production de produits chimiques, la biorestauration, la biodégradation, le traitement des effluents industriels, le traitement des eaux usées municipales (notamment les bacs à graisse et les conduites d’égout), le traitement des déchets organiques, la bioabsorption des contaminants environnementaux ainsi que comme probiotique pour les animaux d’élevage et comme organisme hôte pour la production de protéines et d’enzymes recombinées.

Les caractéristiques morphologiques d’A. oryzae ATCC 11866, notamment la petite taille des conidies qui est associée à la virulence, ressemblent davantage à celles d’A. flavus. Toutefois, A. oryzae ATCC 11866 ne semble pas produire d’aflatoxine et est sensible aux principaux antifongiques cliniques utilisés pour traiter l’aspergillose. Il s’agit là des facteurs atténuants qui ont été pris en considération pour la présente évaluation des risques.

Cette évaluation tient compte des caractéristiques d’A. oryzae ATCC 11866 susmentionnées relativement aux effets sur la santé humaine et l’environnement associés à l’utilisation du produit et aux procédés industriels assujettis à la LCPE (1999), y compris les rejets dans l’environnement par l’intermédiaire de flux de déchets et l’exposition humaine fortuite par l’intermédiaire des milieux naturels. Une conclusion établie en vertu de la LCPE (1999) sur cet organisme vivant n’est pas pertinente à une évaluation, qu’elle n’empêche pas non plus, des produits fabriqués à l’aide d’A. oryzae ATCC 11866 ou qui en contiennent, comme le prévoit la Loi sur les aliments et drogues. Afin de mettre à jour les renseignements sur les utilisations actuelles de cette souche, le gouvernement a lancé une enquête pour la collecte obligatoire de renseignements en application de l’article 71 de la LCPE (1999), qui a été publiée dans la Partie I de la Gazette du Canada, le 3 octobre 2009 (avis en vertu de l’article 71). Les renseignements fournis en réponse à cet avis indiquent qu’A. oryzae ATCC 11866 n’a pas été importé ou fabriqué au Canada en 2008. D’après les renseignements disponibles, A. oryzae ATCC 11866 n’est pas actuellement commercialisé au Canada.

D’après les données disponibles, il est suggéré de conclure qu’A. oryzae ATCC 11866 ne satisfait pas aux critères définis à l’alinéa 64a) ou b) de la LCPE (1999), car il ne pénètre pas dans l’environnement en une quantité ou une concentration ou dans des conditions de nature à avoir, immédiatement ou à long terme, un effet nocif sur l’environnement ou sur la diversité biologique ou à mettre en danger ou à risquer de mettre en danger l’environnement essentiel pour la vie. Il est également suggéré de conclure qu’A. oryzae ATCC 11866 ne répond pas aux critères définis à l’alinéa 64c) de la LCPE (1999), car il ne pénètre pas dans l’environnement en une quantité ou une concentration ou dans des conditions de nature à constituer ou à risquer de constituer un danger au Canada pour la vie ou la santé humaine.

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Introduction

Conformément à l’alinéa 74 b) de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) (LCPE), les ministres de l’Environnement et de la Santé sont tenus de procéder à l’évaluation préalable des organismes vivants ajoutés à la Liste intérieure des substances (LIS) en vertu de l’article 105 de la Loi, afin de déterminer si lesdits organismes présentent ou sont susceptibles de présenter un risque pour l’environnement ou la santé humaine (d’après les critères énoncés à l’article 64 de la LCPE ).Note de bas de page1 A. oryzae ATCC 11866 a été ajouté à la LIS en vertu du paragraphe 25(1) de la LCPE 1988 et à la LIS en vertu du paragraphe 105(1) de la LCPE, car il a été fabriqué ou importé au Canada entre le 1er janvier 1984 et le 1er décembre 1986.

La présente évaluation préalable tient compte des données sur les dangers obtenues du domaine public et de données de recherche non publiées générées par Santé Canada ainsi que des commentaires de pairs scientifiques examinateurs. Des renseignements concernant l’exposition ont été obtenus du domaine public et d’un avis obligatoire publié en application de l’article 71 de la LCPE le 3 octobre 2009 dans la Partie I de la Gazette du Canada. De plus amples renseignements concernant la méthode d’évaluation des risques utilisée sont disponibles dans le document intitulé « Cadre d’évaluation scientifique des risques liés aux micro-organismes réglementés en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) » (Environnement Canada et Santé Canada, 2011).

La présente évaluation préalable tient compte des données sur les dangers obtenues du domaine public et de données de recherche non publiées ainsi que des commentaires de pairs scientifiques examinateurs. Des renseignements concernant l’exposition ont été obtenus du domaine public et d’un avis obligatoire publié en application de l’article 71 de la LCPE (1999) le 3 octobre 2009 dans la Partie I de la Gazette du Canada. De plus amples renseignements concernant la méthode d’évaluation des risques utilisée sont disponibles dans le document intitulé « Cadre d’évaluation scientifique des risques liés aux micro-organismes réglementés en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) » (Environnement Canada et Santé Canada, 2011).

Dans le présent rapport, les données spécifiques à Aspergillus oryzae ATCC 11866 inscrit sur la LIS sont indiquées comme telles. Les données propres à la souche sont peu nombreuses et proviennent de cinq sources : le déclarant, l’American Type Culture Collection (ATCC), des données non publiées produites par Santé Canada et deux articles publiés [c.-à-d. de Baens-Arcega et al., (1956), et de Wei et Jong, (1986)]. Des données de substitution provenant de recherches documentaires ont été utilisées lorsque les données propres à la souche n’étaient pas disponibles. Le présent rapport tient compte de données de substitution liées à d’autres souches de l’espèce A. oryzae, ainsi que de données sur l’espèce A. flavus, étant donné que les caractéristiques morphologiques d’A. oryzae ATCC 11866 peuvent rendre son comportement plus apparenté à celui d’A. flavus qu’à celui des autres souches d’A. oryzae. Dans la mesure du possible, les recherches documentaires effectuées sur l’organisme comprenaient des synonymes, des noms communs et des noms périmés. Le cas échéant, les organismes substituts sont identifiés jusqu’au niveau taxonomique fourni par la source. Les recherches documentaires ont été effectuées à l’aide de bases de données de publications scientifiques (c.-à-d. SCOPUS, CAB Abstracts, Google Scholar et NCBI PubMed), de recherches sur le Web et de mots clés de recherche afin de déterminer les dangers pour la santé humaine et l’environnement. Les renseignements recueillis jusqu’en mai 2014 ont été pris en considération dans la présente évaluation préalable.

Décisions provenant de compétences nationales et internationales

Compétences nationales

Selon l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (communication personnelle; ASPC, 2015), A. oryzae ATCC 11866 fait partie du groupe de risque 1 et est pathogène pour les humains et les animaux terrestres (risque faible pour l’individu, faible pour la collectivité). Au Canada, il n’est pas considéré comme un phytoravageur réglementé par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) (communication personnelle; ACIA, 2013).

A. oryzae, synonyme taxonomique d’Aspergillus flavus var. oryza, figure dans la Base de données sur les ingrédients des produits de santé naturels (BDIPSN) et est utilisé en médecine ainsi que comme matière source de l’alpha amylase, de la catalase, de la cellulase, de la protéase fongique, de la glucoamylase, de l’hémicellulase, de la lactase, de la leucyl-aminopeptidase, de la diastase du malt, de l’oligopeptidase B, de la polygalacturonase, de la protéase et de la lipase (BDIPSN, 2015). A. oryzae figure dans la Base de données sur les ingrédients des produits de santé naturels comme ingrédient médicinal parmi les produits de santé naturels actuellement homologués (PSN), mais ces produits ne devraient pas contenir ou fournir de cellules vivantes d’A. oryzae, car conformément au Codex des produits chimiques alimentaires (CPCA) et aux données se trouvant dans la BDIPSN, A. oryzae (souche inconnue) est utilisé comme organisme producteur de diverses enzymes entrant actuellement dans la composition de PSN homologués (BDPSNH, 2015; CPCA, 2012).

Compétences internationales

A. oryzae et les enzymes qu’il peut produire sont acceptés comme constituants alimentaires (Barbesgaard et al., 1992). L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a attribué à A. oryzae un statut d’hôte fondé sur les « pratiques appropriées pour les applications industrielles à grande échelle » (OCDE, 1992), et la Food and Drug Administration (FDA) des États Unis a accepté A. oryzae comme organisme receveur sûr aux fins de la production d’enzymes (Olempska-Beer et al., 2006). En vertu de la Toxic Substances Control Act (TSCA), A. oryzae a fait l’objet d’une évaluation des risques dans le cadre du programme de biotechnologie de l’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis, et cette espèce est incluse comme microorganisme receveur à õ 725,420 (organisme receveur) pour l’exemption progressive (EPA des États-Unis, 1997a; EPA des États-Unis, 1997 b), ce qui autorise son utilisation dans les laboratoires de confinement pour la production d’enzymes et d’acides organiques sans qu’il soit nécessaire d’informer l’EPA des États-Unis.

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1. Évaluation du danger

1.1 Caractérisation d’Aspergillus oryzae

1.1.1 Identification taxonomique et historique de la souche

Nom binomial : Aspergillus oryzae

Désignation taxonomique
Synonymes et noms communs

Synonymes les plus courants associés à A. oryzae comprennent : A. flavus Link 1809 (Roskov et al., 2014); A. flavus var. oryzae (Kurtzman et al., 1986); et Eurotium oryzae (Machida et al., 2008). Une liste plus détaillée des synonymes est disponible dans le Catalogue of Life (Roskov et al., 2014).

L’espèce A. oryzae peut être décrite par le nom commun de « moisissure koji » (Machida et al., 2008). A. oryzae ATCC 11866 est également appelé

« la souche philippine » de l’A. oryzae (Baens-Arcega et al., 1956).

Historique de la souche : À l’origine, A. oryzae ATCC 11866 a été isolé comme contaminant de l’air intérieur de l’Institute of Science and Technology à Manille, aux Philippines, et a été déposé auprès de l’ATCC par L. Baens-Arcega (Baens-Arcega et al., 1956). La souche a suscité de l’intérêt en raison de sa forte activité protéasique et de son utilisation possible dans la production de sauce soya avec de la farine de copra (sous-produit de la noix de coco). L’isolat a été identifié comme une souche typique d’A. oryzae par D. I. Fennell et C.W. Hesseltine de l’Agricultural Research Service du Département de l’Agriculture des États-Unis, à Peoria, en Illinois, après qu’il ait été envoyé à l’ATCC aux fins d’identification. Aucun renseignement quant à la méthode d’identification de l’isolat comme A. oryzae n’a été fourni.

1.1.1.1 Caractéristiques phénotypiques et moléculaires

A. oryzae est un champignon filamenteux aérobie qui appartient à la section Flavi d’Aspergillus, lequel est communément appelé le groupe A. flavus. Ce groupe comprend également Aspergillus sojae, Aspergillus tamarii, Aspergillus flavus, Aspergillus parasiticus et Aspergillus nomius. À l’origine, le groupe A. flavus comprenait neuf espèces et deux variétés qui se distinguaient par la couleur et l’ornementation des têtes conidiennes (Raper et Fennell, 1965). À l’heure actuelle, le groupe A. flavus comprend 18 espèces acceptées (article de synthèse de Samson et al., 2006).

A. oryzae est le nom donné aux souches domestiquées d’A. flavus utilisées comme moisissures koji au Japon et en Chine pour la fermentation de produits du riz et du soja (Barbesgaard et al., 1992). Il se pourrait qu’A. oryzae soit apparu comme un variant naturel d’A. flavus après une culture successive à long terme sur Oryza sativa (riz) (Wicklow, 1984a). La domestication aurait probablement réduit la pression sélective requise pour qu’A. flavus maintienne ses gènes associés à la formation et à la dispersion de spores ainsi que ceux liés à la production d’aflatoxines (Jorgensen, 2007), ce qui a donné lieu à une sporulation rare, un mycélium aérien floconneux et la production de peu de sclérotes ou l’absence de production de sclérotes (Chang et Ehrlich, 2010). En outre, la perte ou l’inactivation de ces gènes causée par la domestication a entraîné des différences morphologiques entre les espèces du type domestique et sauvage, soit : des différences liées à la texture des colonies, à la longueur et à la texture du conidiophore, à la texture des conidies et à la disposition des stérigmates ainsi que la perte de certaines capacités métaboliques, comme la production d’aflatoxines (Barbesgaard et al., 1992; Kurtzman et al., 1986; Wicklow, 1984a). Toutefois, l’absence de production d’aflatoxines ne constitue pas à elle seule un critère pour différencier A. oryzae d’A. flavus, puisque certaines souches d’A. flavus ne produisent pas d’aflatoxines (Jorgensen, 2007).

Étant donné que les deux espèces sont presque identifiques sur le plan génétique, il a été suggéré de reclasser A. oryzae comme une variante d’A. flavus (article de synthèse de Blumenthal, 2004). Les deux espèces restent difficiles à distinguer d’après leurs caractéristiques morphologiques, physiologiques ou génotypiques (Jorgensen, 2007). Selon Ehrlich (2008), il devient clair qu’A. oryzae n’est pas une espèce distincte, mais plutôt un groupe de variantes non aflatoxigènes d’A. flavus. Néanmoins, A. oryzae continue d’être classé comme une espèce différente pour des raisons économiques et des questions de salubrité alimentaire (Chang et Ehrlich, 2010).

Vu le lien étroit entre A. oryzae et A. flavus, les données sur les deux espèces sont examinées dans le présent rapport.

Morphologie

Comme pour de nombreux champignons, la taxonomie des espèces du genre Aspergillus est principalement fondée sur des caractéristiques morphologiques. La morphologie du conidiophore ainsi que la terminologie connexe utilisée pour l’identification des espèces du genre Aspergillus sont présentées à la figure 1-1.

Malgré des différences morphologiques subtiles, A. oryzae et A. flavus possèdent un large éventail de caractéristiques communes. Par conséquent, plusieurs caractéristiques doivent être utilisées simultanément pour bien les différencier (Barbesgaard et al., 1992; Klich et Pitt, 1988). En ce concerne les différences morphologiques :

Les caractéristiques morphologiques de la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS concordent avec celles du groupe de moisissures jaune-vert qui appartiennent au groupe A. flavus. D’après les clés d’identification de Raper et Fennell (1965), les caractéristiques du groupe A. flavus comprennent les suivantes : stérigmates bisériés chez la plupart des espèces; vésicules non clavées; têtes conidiennes jaune-vert vif chez les cultures jeunes, brunissant avec le temps; têtes conidiennes peu radiées; chaînes de spores habituellement séparées, formant parfois des colonnes mal définies; conidiophores habituellement rugueux et incolores. Au moment de l’isolement, Baens-Arcega et al. (1956) n’étaient pas en mesure de déterminer si la souche inscrite sur la LIS appartenait à A. flavus ou à A. oryzae, d’après sa morphologie (tableau 1-1). Selon la longueur et le diamètre des conidiophores, la taille et la forme des vésicules, la façon de colorer la gélose ainsi que l’apparence des têtes conidiennes et des conidies, la souche semblait plus proche d’A. flavus que d’A. oryzae. Par contre, il était impossible de l’identifier avec certitude comme une souche d’A. flavus, car la colonie n’était pas d’un vert aussi foncé que celui de la culture témoin d’A. flavus utilisée. Les données sur lesquelles D.I. Fennell et C.W. Hesseltine se sont appuyés pour identifier l’isolat comme une souche d’A. oryzae ne provenaient pas de Baens-Arcega et al. (1956).

Figure 1-1 : Terminologie employée pour décrire la morphologie du conidiophore aux fins d’identification des espèces du genre Aspergillus.
Terminologie employée pour décrire la morphologie du conidiophore aux fins d’identification des espèces du genre Aspergillus.(voir la longue description plus bas)
Longue description pour la figure 1-1

La figure montre la partie supérieure d’un conidiophore (la cellule basale n’est pas dans la figure) qui comprend le stipe se terminant dans une vésicule. Sur la vésicule, il y a des structures en forme de flacon appelées phialides ou stérigmates qui peuvent être unisériés ou bisériés. Lorsqu’ils sont unisériés, les phialides sont fixés directement à la vésicule; et lorsqu’ils sont bisériés, ils sont fixés à la vésicule par l’intermédiaire d’une structure appelée métule. Les conidies forment une chaîne dans le haut des phialides.

Tableau 1-1 Comparaison des caractéristiques morphologiques d’A. oryzae ATCC 11866 avec celles de la souche type d’A. oryzae et du représentant de la souche pathogène la plus étroitement apparentée, A. flavus.

Table 1-1:
CaractéristiqueA. oryzae ATCC 1011 (souche type)aA. flavus ATCC 16883
(souche type)
A. oryzae ATCC 11866
(souche inscrite sur la LIS)c
A. oryzae ATCC 11866
(souche inscrite sur la LIS)d
Température de croissanceOptimale à 34 °COptimale à 37 °C bNon indiquée par la source15-42 °C (non testé à moins de 15 °C)
Couleur de la colonieJeunes colonies jaunes, devenant jaune-vert à vert olive avec l’âge, colonies âgées brunes.Jaune-vert à vert feuilleb
Jeunes colonies vertes présentant une bordure blanche ou vert pâle et des taches noires à partir du point où la colonie irradie du centre (7 jours de croissance sur milieu CYA à 25 °C).d
Colonies devenant jaunes, puis roux-vert avec l’âge; surface des colonies plissée à partir du point où la colonie irradie du centre.Colonies blanches avec un centre jaunâtre (7 jours de croissance sur milieu CYA à 25 °C).
Têtes conidiennesGlobuleuses, radiées ou en colonneRadiées et se séparant en colonnes plus ou moins bien définies; les têtes âgées se divisent en colonnes bSubglobuleuses ou presque globuleuses, radiéesS.O.
Taille de la tête conidienne (µm)Non indiquée par la source60 µm d30 à 50 µm (diamètre à l’horizontale)72,2 +/- 8,6 µm
Conidiophore/stipeIncolore et rugueuxIncolore, presque lisse à échinulé bConidiophores incolores avec parois rugueuses et verruqueusesS.O.
Conidiophore (µm)1 000 µm et plus en longueurNon indiquée par la source350-750 µm (longueur) 5,0- 8,0 (diamètre)S.O.
VésiculeSubglobuleuse à clavéeAllongée, subglobuleuse à globuleuse bSubglobuleuseGlobuleuse
Diamètre de la vésicule (µm)Non indiqué par la sourceNon indiqué par la source10,0 -20,0S.O.
Stérigmates/ phialidesStérigmates bisériés à 20 %; principalement unisériésPhialides bisériés (20-80 %); unisériés lorsqu’ils se trouvent sur de petites vésiculesbDisposés en une seule rangée, verdâtres et densément groupés sur la moitié ou les deux tiers de la surface de la vésicule.S.O.
Taille des stérigmates (µm)Non indiquée par la sourceNon indiquée par la source6,4-9,6 (longueur) 3,2 4,8 (diamètre)S.O.
ConidiesSouvent globuleuses à sous-globuleuses ou piriformes à elliptiques; légèrement rugueusesSubglobuleuses à globuleuses; lisses à clairement échinuléesbDisposées en chaînes, verdâtres, principalement globuleuses, parois rugueuses et verruqueuses ou ornées de spinulesS.O.
Diamètre des conidies (µm)5-6 µm et plus3-7,5 µm b 4,6 µm d4,0- 4,8 µm3,9 µm +/- 0,8 µm
Présence de sclérotesRares; globuleux, brun pourpre ou noirs à maturitéS.O.Sans sclérotesS.O.

a Données sur A. oryzae ATCC 1101 tirées de Murakami (1971).

b Données sur A. flavus ATCC 16883 tirées de Christensen (1981).

c Données sur A. oryzae ATCC 11866 tirées de Baens-Arcega et al. (1956).

d Données produites par le Bureau de la science et de la recherche en santé environnementale de Santé Canada

S.O. = Sans objet.

Génotype

La grande proximité évolutionnaire des espèces A. flavus et A. oryzae se reflète dans leurs génomes, lesquels sont presque identiques en taille et en contenu génique (Payne et al., 2006). Une comparaison entre A. oryzae et A. flavus en ce qui concerne la séquence des gènes de l’ARNr 18S et 26S et de la région de l’espaceur interne transcrit (ITS) ainsi que des études sur l’hybridation ADN/ADN montrent que les deux espèces sont presque identiques (Nakamura et al., 2011; Kurtzman et al., 1986). L’analyse du polymorphisme de longueur des segments amplifiés (AFLP) ne permet pas de différencier A. oryzae d’A. flavus (Montiel et al., 2003), mais il est possible de le faire avec la digestion SmaI de l’ADN total et l’analyse génomique multilocus (MLSA) de quatre loci biosynthétiques d’aflatoxines (aflR, aflT, norA et vbs) (Klich et Mullaney, 1987; Nakamura et al., 2011).

Le séquençage du génome d’A. oryzae RIB40 a permis de déterminer que la souche possédait un contenu génique élevé associé au métabolisme et au transport (Machida et al., 2005). La souche RIB40 d’A. oryzae est considérée comme représentative de l’espèce (mais il ne s’agit pas d’une souche type), car ses caractéristiques sont typiques des souches industrielles utilisées pour le brassage du saké, y compris sa morphologie, sa croissance, sa production d’amylase et sa forte activité protéasique, lesquelles sont des propriétés importantes pour la fermentation de la sauce soya (Abe et al., 2006). La souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS a la même activité protéasique élevée que la souche RIB40, mais nous ignorons dans quelle mesure les autres propriétés de la souche ATCC 11866 sont communes à celles de la souche RIB40 (Baens Arcega et al., 1956). Le séquençage du génome d’A. oryzae ATCC 11866 n’a pas encore été effectué.

1.1.2 Propriétés biologiques et écologiques

À part les travaux de Baens-Arcega et al. (1956) et de Wei et Jong (1986), il n’existe aucune autre publication dans la littérature sur la souche ATCC 11866 qui figure dans la LIS. Par conséquent, l’information présentée dans cette section est tirée de données de substitution concernant d’autres membres de l’espèce A. oryzae. La présente section comprend également des données de substitution sur A. flavus, vu qu’il est considéré comme le type sauvage de l’A. oryzae domestiqué (Blumenthal, 2004; Kurtzman et al., 1986); le comportement d’A. oryzae dans l’environnement (c. à-d. en dehors d’un fermenteur) n’est pas bien compris, et sa capacité de réversion (retour au phénotype de type sauvage) n,est pas claire. Il se pourrait que les caractéristiques morphologiques de la souche inscrite dans le LIS (p. ex. petites conidies) rendent son comportement plus apparenté à celui d’A. flavus qu’à celui des autres souches d’A. oryzae, tel qu’il est indiqué ci-après.

1.1.2.1 Présence naturelle

A. oryzae se trouve principalement au Japon et en Chine où il est utilisé de façon intensive dans la fermentation d’aliments. En dehors de ces pays, le champignon peut, à l’occasion, être trouvé dans le sol ou sur des matières végétales en décomposition (Barbesgaard et al. 1992).

Des chercheurs ont également signalé avoir isolé ce champignon :

Néanmoins, certains spécialistes affirment qu’il n’existe pas de souches sauvages d’A. oryzae, et que ces isolats provenant de l’environnement appartiennent en réalité à l’espèce A. flavus, qui est répartie dans le monde entier, dans le sol et la litière (Horn, 2003; Wicklow, 1984a). A. flavus se trouve habituellement à des latitudes tropicales et subtropicales, et rarement au dessus des 45 degrés de latitude (Klich, 2007; Klich, 2002). Les sols contenant de fortes concentrations de matières organiques ainsi que du nitrate, du phosphate et du potassium en abondance sont associés à des populations élevées d’A. flavus (Zablotowicz et al., 2007), qui est également commun en milieu marin (Zuluaga-Montero et al., 2010).

A. flavus a été isolé de divers habitats terrestres, aquatiques et marins. Les sources terrestres desquelles l’espèce a été isolée comprennent le coton (Klich, 1986), le maïs (Shearer et al., 1992; Wicklow et al., 1998), les plantes et les arbres légumineux (Boyd et Cotty, 2001), les arachides (Pinto et al., 2001), les dattes fraîches (Shenasi et al., 2002), le pollen d’abeille (Gonzalez et al., 2005) et des tissus d’oiseaux et de mammifères (Gallagher et al., 1978). La réalisation d’un relevé sur la diversité globale du fleuve Mahânadi en Inde a montré qu’A. flavus comptait pour 2,5 % des populations fongiques; d’autres espèces dominantes étant A. niger (15 %) et A. vesicolor (9,5 %). On a également été constaté qu’A. flavus se trouvait parmi les principaux champignons associés aux larves, aux pupes et aux adultes du moustique domestique (Culex pipiens) qui ont été prélevés dans un étang d’eau douce en Égypte (Parveen et al., 2011; Badran et aly, 1995). En milieu marin, A. flavus a été isolé d’éponges, de gorgones et de coraux (Zuluaga-Montero et al., 2010). Il a également été trouvé dans des hôpitaux, tout comme A. fumigatus, A. oryzae et A. niger (Allo et al., 1987; Arnow et al., 1991; Buffington et al., 1994; Grossman et al., 1985; Hahn et al., 2002; Humphreys et al., 1991; Iwen et al., 1994; Lai 2001; Leenders et al., 1996; Loo et al., 1996; Lutz et al., 2003; Opal et al., 1986; Pegues et al., 2002; Rotstein et al., 1985; Sherertz et al., 1987; Singer et al., 1998; Thio et al., 2000).

1.1.2.2 Conditions de croissance

Dans des conditions de laboratoire, la croissance optimale d’A. oryzae a lieu à une température se situant entre 32 et 36 °C et à un pH variant de 2 à 8, et l’espèce nécessite des ions de fer et de zinc (éléments traces) pour se multiplier (Domsch et al., 1980). La température optimale pour la croissance d’A. flavus est de 37 °C, mais peut varier de 12 à 48 °C (Hedayati et al., 2007). La méthode de culture recommandée pour A. oryzae ATCC 11866 est une gélose dextrosée à la pomme de terre incubée à 24 °C (ATCC, 2014).

La caractérisation de la cinétique de croissance d’A. oryzae ATCC 11866 a été effectuée par les laboratoires de Santé Canada à différentes températures en milieu liquide (annexe A, tableau A-1). Des essais de croissance sur divers milieux solides ont également été réalisés à 28 °C et à 37 °C (annexe A, tableau A-2). A. oryzae ATCC 11866 peut croître à 37 °C, mais il se multiplie difficilement à 42 °C.

1.1.2.3 Cycle vital, persistance et survie

Aucun cycle sexuel n’a été observé chez A. oryzae (Abe et al., 2006; Jorgensen, 2007). Toutefois, la présence de locus de reproduction, de gènes de recombinaison et de gènes associés à la méiose chez cette espèce indiquent l’existence d’une génération hétérosexuelle qui n’a pas encore été déterminée (Goffeau, 2005; Rokas, 2009). Lorsqu’il se trouve à la forme sexuée, A. flavus se nomme Petromyces flavus (Horn et al., 2009).

Sous sa forme asexuée, A. oryzae produit facilement des spores asexuées (conidies) qu’il libère dans l’air (Barbesgaard et al., 1992; Klich et Pitt, 1988). Même si la sporulation d’A. oryzae est moins dense, ses conidies germent généralement trois heures avant celles d’A. flavus, ce qui pourrait constituer un avantage concurrentiel dans certains milieux, comme c’est le cas pour les procédés de fermentation où les conidies qui germent rapidement peuvent être privilégiées (Wicklow, 1984 b). De plus, les conidies d’A. oryzae sont généralement plus grandes et contiennent donc plus de réserves, ce qui pourrait augmenter la capacité de colonisation de l’espèce et avoir une incidence positive sur sa capacité de compétition. Par contre, cette grande taille pourrait aussi constituer un désavantage pour la dispersion dans la nature et il s’agit peut-être là du plus important facteur de sélection en faveur d’A. flavus dans la nature (Wicklow, 1984b).

La souche ATCC 11866 inscrite dans la LIS possède des conidies se situant dans la plage de grandeurs de celles décrites chez A. flavus, mais elles sont de taille inférieure à celles décrites chez A. oryzae. Ainsi, le comportement de cette souche dans l’environnement devrait ressembler davantage à celui d’A. flavus.

Un vaste éventail de facteurs, y compris la température, le pH, l’activité de l’eau, la présence d’agents de conservation et l’atmosphère gazeuse pourraient avoir une incidence sur la sporulation et la germination des spores des champignons. Chez A. flavus, la sporulation est optimale lorsque l’activité de l’eau (A¬w) se situe entre 0,86 et 0,96 (Vujanovic et al., 2001). Comparativement à certaines espèces d’Aspergillus, de Cladosporium et de Penicillium produisant des mycotoxines, A. flavus pourrait nécessiter plus de temps pour germer à une plus faible Aw (Vujanovic et al. 2001). En outre, la germination des spores d’A. flavus chute de 45 % lorsque la température passe de 37 °C à 41 °C (Pasqualotto, 2009). Aucune germination de spores n’a été observée à 18 ou 12 °C chez A. flavus (Vujanovic et al., 2001).

Toutes les souches d’A. flavus analysées produisent des sclérotes, des structures sphériques durcies à parois épaisses, qui se forment pour que les souches puissent survivre lorsque les conditions sont défavorables (Vujanovic et al., 2001). La majorité des sclérotes d’A. flavus enfouis dans des sols sablonneux aux États-Unis ont survécu au moins 36 mois, tandis que les conidies d’A. flavus ont survécu jusqu’à 24 mois (Wicklow et al., 1993). Bien que la plupart des souches d’A. oryzae, y compris la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS, aient perdu la capacité de produire des sclérotes (examiné dans Wada et al., 2014), certaines souches comme A. oryzae RIB40 produisent des sclérotes de grande taille et en grand nombre (Rank et al., 2012). Dans le cadre d’une étude sur la persistance de cellules vivantes d’A. oryzae CCFC008014 inoculées dans des microcosmes de sol intacts, une quantité réduite d’ADN d’A. oryzae a été observée dans le sol 46 jours après l’inoculation. Après 126 jours, la concentration d’ADN avait diminué d’environ 32 fois par rapport à la concentration observée au jour 2. Des analyses PCR qualitatives et quantitatives ont indiqué que les populations d’A. oryzae avaient initialement diminué en abondance, mais qu’elles avaient survécu à toute la période d’analyse de 126 jours (Hynes et al., 2006). A. oryzae peut survivre dans le sol pendant plusieurs mois, y compris dans des conditions froides, ce qui indique que les souches utilisées dans les applications industrielles pourraient survivre dans des sols hautement compétitifs, et si elles étaient libérées dans l’environnement canadien, elles pourraient persister pendant au moins une saison de croissance (Hynes et al., 2006). Toutefois, les données selon lesquelles A. flavus et A. oryzae sont peu communs au-dessus des 45 degrés de latitude donnent à penser que les populations introduites seraient moins susceptibles de survivre aussi bien à l’hiver pour être maintenues dans diverses régions au Canada. De plus, le maintien d’un nombre élevé de microorganismes introduits à des niveaux supérieurs aux niveaux naturels est peu probable en raison de la concurrence avec les microorganismes naturellement présents dans l’environnement (Leung et al., 1995).

1.1.2.4 Sensibilité aux antifongiques

De façon générale, on note une augmentation du nombre de cas de mycose résistants aux antifongiques chez les humains (Hedayati et al., 2007). Jusqu’à tout récemment, le traitement des aspergilloses reposait principalement sur l’administration d’itraconazole ou d’amphotéricine B, mais d’autres antifongiques, notamment le voriconazole, le posaconazole et la caspofungine, ont depuis été homologués à cette fin (Hedayati et al., 2007). Le profil de sensibilité aux antifongiques d’A. oryzae ATCC 11866 établi par des scientifiques de Santé Canada (tableau 1-2) montre que la souche inscrite sur la LIS est sensible à l’amphotéricine B, à l’itraconazole et au voriconazole, ce qui correspond aux profils de sensibilité signalés pour des isolats cliniques d’A. flavus. Le voriconazole est actuellement tenu pour l’antifongique le plus efficace contre A. flavus (Misra et al., 2011), et le recours à la caspofungine (Denning, 2006; Maertens et al., 2004) et à la terbinafine (Li et al., 2008) a été proposé dans les cas où les autres antifongiques se révèlent inefficaces. La souche inscrite sur la LIS est également résistante à l’anidulafungine, à la caspofungine, au fluconazole et au miconazole, auxquels une résistance a été notée chez des isolats d’A. flavus (Eschertzhuber et al., 2008; Fattahi et al., 2012; Li et al., 2008).

Tableau 1-2 : Concentration minimale inhibitrice (CMI) pour A. oryzae ATCC 11866a
AntifongiqueCMI après 48 h
(µg/mL)
Point de ruptureb
Amphotéricine B0,5A. flavus DI+; A. fumigatus S inférieur(e) ou égal(e) à 1 R supérieur(e) à 2
Anidulafunginesupérieur(e) à 8DI
Caspofunginesupérieur(e) à 8DI
Fluconazole256-
5-flucytosinesupérieur(e) à 64N/D
Itraconazole0,12S inférieur(e) ou égal(e) à 1 R supérieur(e) à 2
Micafunginesupérieur(e) à 8DI
Posaconazole0,06A. flavus DI+; A. fumigatus S inférieur(e) ou égal(e) à 0,12 R supérieur(e) à 0,25
Voriconazole0,5S inférieur(e) ou égal(e) à 1 R supérieur(e) à 2

DI : Les données disponibles sont insuffisantes pour démontrer qu’A. flavus constitue une bonne cible pour le traitement par ce médicament.

DI+ : Les données disponibles sont insuffisantes pour démontrer qu’A. flavus constitue une bonne cible pour le traitement par ce médicament, et les valeurs seuils établies pour A. flavus sont en général un cran plus élevée que celles établies pour A. fumigatus.

- : Signifie que les tests de sensibilité ne sont pas recommandés, car cette espèce ne représente pas une bonne cible pour le traitement par ce médicament.

S : Sensible; R : Résistante; N/D : Non disponible.

a Données du Bureau de la science de la santé environnementale et de la recherche de Santé Canada. Les travaux ont été réalisés à l’aide de la trousse Sensititre de TREK Diagnostic Systems, conformément au protocole recommandé par le fabricant. La CMI a été interprétée comme étant la plus faible concentration produisant un puits de couleur bleue indiquant l’absence de croissance.

b Valeurs de point de rupture pour les interprétations de la concentration minimale inhibitrice tirées d’EUCAST, 2014.

Au plan structural, les cellules fongiques ciblées par les antifongiques tels que les polyènes, la nystatine et les dérivés azolés sont analogues à certaines composantes des cellules humaines (article de synthèse de Lamb et al., 2000). En conséquence, certains antifongiques sont relativement toxiques pour les humains. Toutefois, certains antifongiques comme les échinicandines (qui comprennent la caspofungine, la micafungine et l’anidulafungine) agissent sur des composantes de la paroi des cellules fongiques qui font défaut chez les humains et comportent donc peu d’effets secondaires (S. Perkhofer, comm. pers.). D’autres traitements moins communément utilisés en remplacement de la thérapie antifongique comprennent le débridement chirurgical des tissus infectés et l’utilisation d’aérosols stéroïdiens. Pour les cas réfractaires, il peut être nécessaire d’associer ces traitements à la thérapie antifongique. Toutefois, ces procédures induisent également des dommages.

1.1.2.5 Pathogenèse

Chez les espèces du genre Aspergillus, la faible taille des conidies est l’un des principaux déterminants de la pathogénécité chez l’humain (Denning, 1998; Speth et Rambach, 2012) et vraisemblablement aussi chez le chien, le cheval et tout particulièrement les oiseaux, car l’inhalation des conidies est la principale voie d’infection chez tous ces organismes (Denning, 1998; Speth et Rambach, 2012). Il est généralement établi que les particules mesurant entre 0,01 et 5 microns de diamètre peuvent être profondément inhalées dans les alvéoles pulmonaires (Witschi et al., 2008). Au sein du genre Aspergillus, les conidies sont plus petites chez les espèces pathogènes que chez les espèces non pathogènes. Celles d’A. flavus mesurent entre 3 et 7,5 microns de diamètre (Christensen, 1981; Larone, 2011), alors que celles d’A. oryzae sont généralement plus grandes et mesurent entre 5 et plus de 6 microns de diamètre. Les conidies de la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS mesurent toutefois entre 4,0 et 4,8 microns de diamètre et se situent donc à l’intérieur de l’intervalle de taille des particules qui peuvent être inhalées profondément dans les alvéoles pulmonaires.

Une fois à l’intérieur des alvéoles pulmonaires, les conidies germent et produisent des hyphes (Denning, 1998). L’extrémité des hyphes sécrète dans les tissus pulmonaires un certain nombre d’enzymes extracellulaires (protéinase aspartique, protéinase à sérine, métalloprotéinase, protéinase alcaline) et des lipases. Ces enzymes agissent comme des facteurs de virulence en dégradant les molécules protéiques et lipidiques complexes de l’hôte, dont les sous-unités sont utilisées comme éléments nutritifs par le champignon. Ce processus entraîne également la digestion de la matrice extracellulaire de l’hôte et facilite la pénétration des tissus (Krishnan et al., 2009). D’autres hydrolases, dont des α-amylases, des pectinases et d’autres protéases et lipases contribuent également à la virulence du champignon (article de synthèse d’Amaike et Keller, 2011). La souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS a été sélectionnée à l’origine pour sa forte activité protéolytique, mais il n’est pas clair si cette activité influe sur la virulence du champignon.

Les pectinases produites par les agents phytopathogènes macèrent les tissus des plantes et favorisent ainsi l’invasion des plantes et l’assimilation des éléments nutritifs (article de synthèse de Mellon et al., 2007). La polygalacturonase, P2c, joue un rôle de premier plan dans la macération des tissus hôtes par A. flavus et contribue à la virulence du champignon pour les plantes (article de synthèse de Mellon et al., 2007). D’autres hydrolases telles que l’amylase peuvent dégrader les polysaccharides de réserve des plantes et créer des intermédiaires comme le glucose, le maltose et le maltotriose, qui jouent un rôle dans l’induction de la biosynthèse des aflatoxines (article de synthèse de Mellon et al., 2007). On ignore toutefois si la souche A. oryzae ATCC 11866 inscrite sur la LIS produit ces hydrolases.

L’élastase produite par A. flavus semble également faciliter l’invasion des tissus hôtes, car l’élastine est une composante structurale importante des poumons. Une activité de l’élastase a été décelée chez 19 des 23 souches d’A. flavus isolées de patients humains atteints d’aspergillose invasive (Alp et Arikan, 2008). On ignore toutefois si la souche A. oryzae ATCC 11866 inscrite sur la LIS produit de l’élastase.

A. oryzae possède les gènes codant l’hémolysine (Nayak et al., 2013) et des substances analogues (Bando et al., 2011), et le promoteur d’un de ces gènes possède une activité élevée. Les hémolysines sont des facteurs de virulence potentiels produits par A. terreus et A. fumigatus (Nayak et al., 2011; Wartenberg et al. 2011) qui lysent les érythrocytes et d’autres cellules (Nayak et al., 2011). Aucune activité hémolytique n’a été observée lorsque la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS a été cultivée sur gélose au sang de mouton (annexe A, tableau A-2).

Chez l’humain, l’A. flavus peut synthétiser et libérer un inhibiteur du complément qui inhibe l’activation de la cascade du complément et l’opsonisation qui en résulte par le champignon. L’inhibiteur du complément empêche l’activation de la voie alternative et interfère avec la phagocytose induite par la protéine C3b du complément et la mort des cellules fongiques (article de synthèse de Speth et Rambach, 2012). On ignore toutefois si la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS produit l’inhibiteur du complément.

Diverses espèces du genre Aspergillus, dont A. flavus, produisent du dihydroxynaphthalène (DHN)–mélanine (Thywißen et al., 2011), un pigment qui recouvre les conidies et prévient leur ingestion par les macrophages et les protège de la chaleur, du rayonnement ultraviolet et des valeurs de pH extrêmes (Krishnan et al., 2009). On dispose de peu d’informations sur le DHN-mélanine chez A. oryzae. Les gènes codant la synthèse du DHN-mélanine sont présents dans le génome de la souche A. oryzae RIB40, mais leur expression n’a pas été démontrée (Baker, 2008). La présence de ce pigment n’a pas été signalée chez la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS.

Dans le cadre d’essais in vitro visant à déterminer si les cellules d’A. oryzae ATCC 11866 peuvent avoir des effets cytotoxiques et des effets négatifs sur le système immunitaire, des scientifiques de Santé Canada ont démontré que cette souche est non cytotoxique à modérément cytotoxique pour les cellules épithéliales du côlon humain (HT29) et les macrophages (J774A.1) après une exposition de 4 et de 24 heures.

1.1.2.6 Toxigénèse

Il est établi que les espèces du groupe A. flavus produisent des métabolites secondaires, dont des mycotoxines. Les métabolites secondaires sont des composés produits par un organisme qui ne sont pas requis pour une fonction physiologique (c. à d. croissance, développement ou reproduction). Certains de ces métabolites sont présentés ci-après parce certaines sources leur prêtent des effets négatifs. Les mycotoxines, qui constituent un sous-ensemble de métabolites secondaires, sont de petites molécules organiques produites par des champignons filamenteux qui peuvent causer des maladies ou la mort chez les humains et les animaux qui y sont exposés naturellement (Bennett, 1987). Les mycotoxines pénètrent dans la chaîne alimentaire humaine lorsque le champignon croît et libère des toxines dans des aliments tels que les légumes ou les céréales ou lorsque des animaux destinés à l’alimentation ingèrent les toxines dans des aliments pour animaux. Les toxines peuvent également être inhalées avec des spores par des personnes qui manipulent des matières infectées. Une liste des mycotoxines et de certains métabolites secondaires produits par A. oryzae et A. flavus est présentée à l’annexe B (tableau B-1). Dans le cas d’A. oryzae, cette liste comprend l’acide cyclopiazonique, l’acide kojique, la maltoryzine et l’acide 3 nitropropionique (Blumenthal, 2004; Samson et al., 2006). On ignore si la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS produit ces mycotoxines ou d’autres mycotoxines associées au groupe A. flavus, dont l’aflatrème, l’acide aspergillique, l’aspertoxine, la gliotoxine ou la stérigmatocystine (annexe B, tableau B-1).

Certaines souches d’A. flavus produisent des aflatoxines, puissantes mycotoxines carcinogènes réglementées dans de nombreux pays (article de synthèse de Klich, 2007). La souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS n’a pas produit d’aflatoxines lors d’essais sur riz, arachide ou milieu YES après une incubation de 8 à 10 jours à 25 °C, alors que des souches d’A. flavus, l’équivalent sauvage d’A. oryzae, en ont produit lorsque soumises aux mêmes conditions (Wei et Jong, 1986). A. oryzae est considéré par certains taxonomistes comme un groupe de souches domestiquées d’A. flavus qui ont perdu la capacité de produire des aflatoxines (Jorgensen, 2007). Chez A. oryzae, une importante variation intraspécifique existe au niveau de la voie de biosynthèse des aflatoxines, depuis la délétion de 0,8 à 1,5 kb du cluster de gènes codant la synthèse des aflatoxines à l’absence de délétion (article de synthèse de Jorgensen, 2007). Chez de nombreuses souches d’A. oryzae, tous les gènes requis pour la biosynthèse des aflatoxines sont présents, mais ils sont inactifs (Chang et al., 1995; Klich et al., 1995; Kusumoto et al., 1998; Lee et al., 2006; Nakamura et al., 2011; Watson et al., 1999). Aucune donnée n’est disponible sur le degré d’intégralité du cluster de gènes codant la synthèse des aflatoxines chez la souche ATCC 11866 d’A. oryzae inscrite sur la LIS.

La production de métabolites secondaires (y compris de toxines) chez A. oryzae varie d’une souche à l’autre et en fonction des conditions environnementales (Park et al., 2008). Les facteurs environnementaux reconnus comme ayant un impact sur la production de toxines par diverses souches d’A. oryzae incluent la température de croissance, la production optimale de toxines étant observée entre 25 et 35 °C; la composition du milieu ou du substrat de croissance; et la durée d’incubation, la production de toxines étant favorisée par des périodes d’incubation plus longues (Adebajo, 1992; Blumenthal, 2004; Jorgensen, 2007). Dans la pratique, la période normale de fermentation Koji est brève (2 à 3 jours), alors que les métabolites secondaires sont normalement produits par A. oryzae après 3 jours d’incubation. La brièveté de la période de fermentation pourrait expliquer en partie pourquoi aucune mycotoxine n’est détectée dans les produits fermentés par cette méthode. Certains métabolites secondaires, dont les acides kojique et cyclopiazonique, pourraient également être dégradés durant le processus de fermentation (article de synthèse de Jorgensen, 2007).

Il est raisonnable de supposer que la souche ATCC 11866 inscrite sur la LIS pourrait produire n’importe quelle des mycotoxines susmentionnées qu’elle est en mesure de produire si elle était relâchée dans des milieux lui offrant des conditions favorables.

1.1.3 Effets

1.1.3.1 Environnement

Comme A. oryzae et A. flavus ne peuvent pratiquement pas être distingués avec la plupart des techniques moléculaires et que la souche inscrite sur la LIS est morphologiquement semblable à A. flavus, les effets environnementaux des deux espèces ont été pris en compte dans la présente évaluation. Les informations disponibles se rapportant à A. oryzae sont présentées en premier, car quelques cas ont été mentionnés dans la littérature. Les informations concernant A. flavus sont présentées par la suite.

A) A. oryzae

Les enzymes sécrétés par A. oryzae (p. ex. xylanase, polygalacturonase, cellulase et α-amylase) peuvent dégrader les parois cellulaires des plantes (article de synthèse de Al-Hindi et al., 2011; Chang et al., 2012b; Um et Walsum, 2010) et permettent au champignon d’agir comme un saprophyte sur les matières végétales en décomposition. Aucune mention d’effets négatifs sur des plantes terrestres ou aquatiques vivantes n’a toutefois été trouvée dans la littérature scientifique.

Bien qu’A. oryzae ne soit pas considéré comme un pathogène animal, quelques cas d’infection ont été signalés. A. oryzae a notamment été incriminé dans un cas de kératomycose spontanée consécutif à une plaie cornéenne chez un cheval (Marolt et al., 1984). Ce champignon a également été associé chez des perroquets à plusieurs cas d’aspergillose spontanée fatale qui ont été confirmés par examen morphologique et histopathologique (Kaplan et al., 1975). Ces perroquets étaient particulièrement vulnérables à l’infection en raison du stress provoqué par leur capture et leur transport jusqu’aux États-Unis et le fait qu’ils étaient atteints de psittacose et traités avec des antibiotiques ou des corticostéroïdes. Des analyses histologiques ont confirmé la présence d’hyphes et de conidies dans leurs tissus pulmonaires (Kaplan et al., 1975). De possibles effets allergiques ont également été signalés chez des animaux (Lugauskas et al., 2004).

A. oryzae a également été décrit comme un parasite de la légionnaire de la betterave (Spodoptera exigua) (Kenneth et Olmet, 1975). Dans le cadre d’essais de pathogénicité (inoculation dans des aliments, pulvérisation de suspensions de spores et saupoudrage de spores), A. oryzae a causé la mort de tous les stades de développement du foreur ponctué des graminées (Chilo partellus) et s’est révélé pathogène pour les chenilles du carpocapse de la pomme (Cydia pomonella) (Gardezi, 2006).

Aucune mention indiquant qu’A. oryzae pourrait avoir des effets négatifs pour des espèces de vertébrés ou d’invertébrés aquatiques n’a été trouvée dans la littérature scientifique.

Comme A. oryzae est très difficile à distinguer d’A. flavus, il est possible que certains des cas susmentionnés lui aient été imputés alors qu’ils avaient été causés par A. flavus.

B) A. flavus

La littérature scientifique fait état de cas d’infection chez de nombreuses espèces d’organismes terrestres et aquatiques par A. flavus :

Plantes

A. flavus est un phytopathogène reconnu qui infecte communément le maïs, les graines de coton, les noix, les oléagineux et les plants d’arachide (article de synthèse de Klich, 2007). Les plantes dont les tissus ont été endommagés par les insectes sont plus vulnérables (article de synthèse de Klich, 2007). Chez le maïs, l’infection à A. flavus entraîne la pourriture de l’épi, tandis que chez l’arachide, elle est responsable d’une maladie connue sous le nom d’aflaroot (formation d’une moisissure jaune sur les semis), qui se manifeste par la chlorose et la nécrose des parties aériennes des plantes, la pourriture des gousses mûres et l’inhibition de la croissance des racines secondaires (article de synthèse de Klich, 2007). Chez le cotonnier, l’infection à A. flavus peut entraîner la pourriture des capsules du coton et l’infection des fibres et causer la maladie des taches jaunes, mais elle touche principalement les capsules soumises à un stress hydrique durant leur maturation (article de synthèse de Klich, 2007).

Les mycotoxines présentes dans les céréales contaminées par A. flavus peuvent endommager les embryons des plantes et causer un échec de la germination ou une réduction de la valeur adaptative des semis (Hasan, 1999). Les résultats d’études d’inoculation expérimentale rapportés dans la littérature indiquent que l’infection à A. flavus compromet la viabilité des graines chez le cotonnier (Klich, 2007), l’arachide (Pitt et al., 1991) et le cèdre de l’Himalaya (Cedrus deodara) (Mittal, 1983) et que cette réduction de la viabilité est accentuée par la présence d’aflatoxines (Klich, 2007).

Aune mention faisant état d’effets négatifs d’A. flavus sur les plantes aquatiques n’a été trouvée dans la littérature scientifique.

Vertébrés

A. flavus est la deuxième plus fréquente cause d’aspergillose aviaire après A. fumigatus et est souvent responsable de la mort de 5 à 10 % des individus dans les troupeaux de volailles (article de synthèse de Richard et al., 1984). La principale voie d’infection à A. flavus chez les oiseaux est l’inhalation de grandes quantités de spores (Richard et al. 1984). Les oiseaux immunodéprimés sont généralement plus vulnérables à l’infection, et le dindon est considéré comme étant plus vulnérable que la poule (Richard et al., 1984). Les jeunes canards et oies sont souvent infectés par A. flavus après avoir été exposés à de fortes concentrations de spores dans les écloseries (Morishita, 2004).

Des éclosions fatales d’aspergillose causées par A. flavus ont été signalées dans des poulaillers commerciaux :

A. flavus a également été incriminé dans des cas de kératomycose chez le cheval. Dans un de ces cas, A. flavus a été isolé de la cornée infectée d’un cheval au Japon. Des hyphes du champignon ont été décelées dans des frottis de cornée (Wada et al. 2013). Des espèces du genre Aspergillus (A. niger, A. flavus et une espèce non identifiée) ont été les isolats les plus fréquemment décelés (64 %) chez des chevaux atteints de kératomycose en Californie (Reed et al., 2013).

Dans certains cas, des animaux infectés par A. flavus ont été traités avec succès avec un antifongique approprié :

Il existe quelques mentions d’infections à A. flavus induites expérimentalement chez des espèces de vertébrés terrestres :

Aspergillus flavus est ubiquiste en milieu marin, mais son comportement dans les écosystèmes marins demeure largement méconnu (Zuluaga-Montero et al., 2010). Une éclosion d’aspergillose causée par A. flavus et A. niger a été signalée chez des tilapias (Sarotherodon sp.) dans une ferme piscicole du Kenya (Olufemi et al., 1983).

Invertébrés

A. flavus est la plus commune des espèces entomopathogènes du genre Aspergillus (Foley et al., 2014). Cette espèce est associée à différents stades de développement de nombreux insectes et décompose très efficacement leur chitine (Badran et Aly, 1995; Ismail et Abdel-Sater, 1993). Ce champignon est un pathogène facultatif rare de l’abeille domestique (Apis mellifera), chez qui il est le principal responsable de l’aspergillose (ou couvain pétrifié), maladie qui entraîne la momification des larves et l’infection des adultes dans les colonies affaiblies par des facteurs prédisposants (Vojvodic et al., 2011). Chez l’abeille Tetralonia lanuginosa, l’infection à A. flavus peut entraîner la décomposition de jusqu’à 50 % des nymphes et des larves (Mohamed et El-Khadem, 1976 [article en allemand]). Au Nigéria, 10 % des individus d’une population de criquet puant (Zonocerus variegatus) présentant une incidence globale d’infections fongiques de 76 % ont été trouvés infectés par A. flavus (Balogun et Fagade, 2004). Il a également été démontré que le champignon infectait naturellement 6 % d’une population d’une tique tropicale du bétail (Rhipicephalus {Boophilus} microplus) au Mexique (Miranda-Miranda et al., 2012).

L’infection expérimentale de diverses espèces d’invertébrés terrestres par A. flavus à des doses provocatrices non précisées a entraîné les effets suivants :

L’infection expérimentale de diverses espèces d’insectes par exposition à des doses déterminées d’A. flavus a provoqué les effets suivants :

Il est aussi reconnu qu’A. flavus a un impact sur les invertébrés marins et constitue un isolat commun prélevé dans les tissus de gorgones atteintes (Gorgonia ventalina), ce qui indique son rôle potentiel dans l’aspergillose des gorgones (Zuluaga-Montero et al., 2010). Il n’existe aucun rapport scientifique indiquant qu’A. flavus ait des effets négatifs sur les espèces d’invertébrés d’eau douce.

C) Mycotoxicose

La consommation d'aliments ou de nourriture pour animaux contaminés par des mycotoxines peut causer une variété de symptômes, selon le type de mycotoxine, le degré et la durée d'exposition (Kanora et al., 2009), l'espèce animale, son âge, son état nutritionnel et son état de santé au moment de l'exposition à des aliments contaminés (Prelusky et al., 1994).Les mycotoxicoses peuvent avoir une incidence sur un vaste éventail d'espèces animales sensibles (bétail, volaille, poisson) [Marasas et Nelson, 1987; Moss, 1996]. Les grains, les céréales et les produits fabriqués à partir de ces grains sont des sources courantes d'exposition aux mycotoxines (Binder, 2007; Richard, 2007; Sweeney et Dobson, 1998). Les signes provoqués par la consommation de mycotoxines varient selon la quantité ingérée. Dans les conditions au champ, les effets provoqués par la consommation d'une mycotoxine vont d'une réduction de la productivité de l'animal ou de l'immunosuppression, sans manifestation de signes cliniques apparents (Oswald et Comera, 1998 ; Marquardt, 1996). Les signes cliniques apparents sont attribuables à l’ingestion de concentrations élevées. Parmi les signes cliniques d'une intoxication aux mycotoxines, mentionnons la diarrhée, les dommages aux reins et au foie, l'œdème pulmonaire, les vomissements, les hémorragies et les tumeurs (Binder, 2007; Bryden, 2012). Les exemples suivants sont des rapports de cas liés à des mycotoxines produites par A. oryzae et A. flavus retrouvés dans la documentation scientifique :

1.1.3.2 Santé humaine

Infection

Malgré l’utilisation traditionnelle de longue date d’A. oryzae dans la fermentation, aucun cas d’infection n’est associé à l’exposition, sur le lieu de travail ou à domicile, à la souche de fermentation d’A. oryzae. Cependant, des membres de l’espèce A. oryzae ont causé un petit nombre d’infections chez des patients immunodéprimés, rendus vulnérables par les maladies invalidantes ou encore, blessés :

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