Résidus d’amalgames dentaires (mercure) : rapport sur le rendement de l’avis P2

Dernière mise à jour : mai 2015

Rapport sur le rendement : Avis relatif à la prévention de la pollution pour les résidus d'amalgames dentaires (Version PDF - 379 Ko)

La planification de la prévention de la pollution (P2) est un processus permettant aux organisations d'améliorer leur rendement environnemental en planifiant stratégiquement la réduction ou l'élimination des matières polluantes avant qu'elles ne soient produites.

Objectif

Le présent rapport a pour objectif de présenter une synthèse des résultats et des progrès réalisés par la mise en œuvre de l'avis de planification de la prévention de la pollution en ce qui concerne les rejets de mercure de résidus d'amalgames dentaires (l'Avis) pour atteindre l'objectif national de gestion des risques de réduction de 95 % des rejets de mercure des résidus d'amalgames dentaires par rapport à l'année de référence 2000. Cet objectif national a été fixé en vertu du standard pancanadien relatif au mercure dans les résidus d'amalgames dentaires et il a été approuvé en 2001 par le Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME).

Contexte

Le mercure : Qu'est-ce le mercure et pourquoi éviter la pollution par le mercure?

Le mercure est un polluant transfrontalier qui représente une préoccupation mondiale et un danger pour la santé humaine et l'environnement. De faibles niveaux de mercure, qui est une neurotoxine, peuvent causer de sérieux problèmes de santé, plus particulièrement chez les femmes enceintes et leurs bébés. Le mercure a également des effets néfastes mesurables sur les poissons et la faune. Le mercure et ses composés font partie de la liste de l'annexe 1 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999), laquelle donne aux ministres de l'Environnement et de la Santé le pouvoir de prendre les mesures nécessaires.

Le mercure et les amalgames dentaires

Les amalgames dentaires, aussi appelés « plombages en argent », constituent un produit pour les restaurations dentaires qui contient environ autant de mercure élémentaire que de poudre d'alliage d'autres métaux. Le mercure sert à lier les autres composés de l'amalgame dentaire pour former un matériau de restauration dur et stable. L'utilisation de l'amalgame dentaire est largement répandue depuis plus de 150 ans et il constitue l'un des matériaux les plus anciens utilisés dans les soins de santé buccodentaire.

Lorsque l'amalgame dentaire est évacué par les drains des cliniques dentaires, il circule dans les égouts municipaux jusqu'aux installations de traitement des eaux usées ou directement vers les cours d'eau. Il se retrouve aussi dans les boues d'épuration.

Le mercure peut aussi entrer dans l'environnement lorsque des résidus d'amalgames sont rejetés avec des déchets municipaux solides ou des déchets biomédicaux aux cliniques dentaires.

L'Avis

Le 8 mai 2010, Environnement Canada a publié un avis en vertu de la partie 4 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) qui énonce l'obligation d'élaborer et d'exécuter des plans de prévention de la pollution pour les rejets de mercure de résidus d'amalgames dentaires.

L'Avis, publié dans la partie I de la Gazette du Canada, cible les établissements de soins dentaires qui n'ont pas encore adopté toutes les pratiques de gestion bénéfiques établies à l'annexe A de l'Avis ou du Protocole d'entente portant sur la mise en œuvre du standard pancanadien relatif au mercure dans les résidus d'amalgames dentaires entre l'Association dentaire canadienne et Environnement Canada pour la mise en œuvre volontaire du standard pancanadien relatif au mercure dans les résidus d'amalgames dentaires.

Les pratiques de gestion bénéfiques indiquées à l'annexe de l'Avis comprennent, sans toutefois s'y limiter :

  • installer un séparateur d'amalgame certifié ISO (Organisation internationale de normalisation) ou équivalent;
  • communiquer avec un transporteur de déchets pour le recyclage ou l'élimination des résidus d'amalgames;
  • rester au courant des progrès réalisés dans le domaine des matériaux de restauration;
  • éviter l'élimination de résidus d'amalgames dans les déchets, par les drains, dans le contenant des objets tranchants ou avec les déchets biomédicaux.

La date limite pour la mise en œuvre de l'Avis était le 13 novembre 2010 pour les établissements de soins dentaires assujettis à l'Avis au moment de sa publication dans la partie 1 de la Gazette du Canada. Les établissements de soins dentaires devaient aussi respecter les échéanciers indiqués dans l'Avis et veiller à ce que les renseignements fournis dans les déclarations cadrent avec leur plan de prévention de la pollution.

Tableau 1 - Les principales étapes de l'Avis sont les suivantes :
Tâches Échéancier
Préparer un plan de prévention de la pollution et s'assurer que le plan respecte toutes les exigences de l'Avis 14 août 2010
Déposer l'annexe 1 : Déclaration confirmant qu'un plan de prévention de la pollution a été élaboré et qu'il est en cours d'exécution 13 septembre 2010
Mettre en œuvre le plan de prévention de la pollution 13 novembre 2010
Déposer l'annexe 5 : Déclaration confirmant qu'un plan de prévention de la pollution a été mis en œuvre 13 décembre 2010
Conserver un exemplaire du plan de prévention de la pollution sur place Continu
Garder le plan de prévention de la pollution sous la main pour le remettre au besoin Continu

Les établissements de soins dentaires qui ont ouvert leurs portes ou le feront après la date de publication de l'avis dans la partie I de la Gazette du Canada doivent exécuter le plan au plus tard six mois après la date que ces établissements deviennent assujettis à l'avis.

Sommaire des résultats

Avant la publication de l'Avis, on estimait en 2009 qu'il y avait 18 705 dentistes autorisés au Canada et 9 000 établissements de soins dentaires. On estimait également que de ce nombre, 70 % des établissements utilisaient déjà des séparateurs d'amalgame dentaire. À la suite des activités de promotion de la conformité effectuées avant la publication de l'Avis final, on prévoyait qu'entre 1 000 et 2 500 établissements de soins dentaires seraient tenus de préparer et de mettre en œuvre un plan P2.

Le 31 décembre 2010, Environnement Canada avait reçu 204 déclarations de confirmation de mise en œuvre d'un plan. Ce nombre était cinq fois plus bas que le nombre total estimé d'établissements de soins dentaires visés par l'Avis.

Compte tenu du faible taux de participation, une enquête (sondage) a été effectuée auprès des établissements dentaires de l'ensemble du Canada en 2012. L'enquête visait à évaluer la sensibilisation à l'Avis de P2, la mise en œuvre générale des pratiques de gestion bénéfiques des résidus d'amalgames dentaires et l'efficacité de l'Avis relativement à l'objectif de gestion du risque. Ce sondage vient compléter les données recueillies lors de deux sondages précédents effectués en 2003 et en 2007.

En tout, 1 250 établissements de soins dentaires ont participé à l'enquête de 2012. Les résultats indiquaient une faible connaissance concernant l'Avis de P2 (27 %). Cependant, ils révélaient également que des pratiques de gestion bénéfiques étaient mises en œuvre dans l'ensemble du Canada et que la majorité des établissements disposaient sur place d'un séparateur d'amalgames (97 %).

Tableau 2 - Comparaison entre les données colligées à partir des enquêtes nationales de 2003, 2007 et 2012 auprès des établissements de soins dentaires.

Tableau 2 - Comparaison entre les données colligées à partir des enquêtes nationales de 2003, 2007 et 2012 auprès des établissements de soins dentaires.
Données colligées 2000 2003 2007 2012
Établissements de soins dentaires qui utilisent des séparateurs d'amalgames dentaires homologués ISONote de bas de pagea(%)

0

(pratique-ment)

27 70 97Note de bas de pagec
Quantité de mercure (Hg) rejeté dans l'environnement par des résidus d'amalgames dentaires (kg) 1879Note de bas de pageb 1046 452 75

L'enquête de 2012 indique aussi que l'utilisation d'amalgames dentaires a diminué au Canada de 43 % depuis 2003. Cette tendance s'observe également dans les pays de l'Union européenne où les amalgames dentaires sont encore utilisésNote de bas de page1. Le retrait d'amalgames dentaires a toutefois progressé d'environ 70 % depuis 2000. Ces tendances s'expliquent par une combinaison de préoccupations esthétiques, sanitaires et environnementales, et d'initiatives gouvernementales.

Conclusion

Malgré le faible taux de sensibilisation à l'Avis de P2, l'enquête de 2012 a indiqué une hausse du nombre d'établissements de soins dentaires où les pratiques de gestion bénéfiques ont été adoptées et où des résidus d'amalgames dentaires ont été installés. Plusieurs facteurs au-delà de la portée de l'Avis, y compris une sensibilisation environnementale accrue au fil des ans des établissements de soins dentaires quant à la gestion des résidus de mercure, peuvent avoir été déterminants dans l'adoption de pratiques de gestion bénéfiques. De plus, des mesures provinciales et municipales peuvent aussi avoir influencé la mise en œuvre de pratiques de gestion bénéfiques dans les établissements de soins dentaires au Canada.

Ces facteurs contribuent à l'atteinte de l'objectif de gestion du risque visant une réduction de 95 % à l'échelle nationale des rejets environnementaux de mercure provenant des résidus d'amalgames dentaires, par rapport à l'an 2000 (année de référence).

Si vous avez des questions concernant ce rapport, veuillez communiquer avec la Division des produits, par téléphone, au 1-888-391-3426, ou par courriel, à products.produits@ec.gc.ca.

Annexe

Tableau 3 - Mesures de gestion des risques entreprises à ce jour pour les résidus d'amalgames dentaires
Année Mesure de gestion de risque
2000

Environnement Canada réalise une Étude du bilan de masse sur les résidus de mercure provenant de soins dentaires au Canada et a conclu qu'au total, 1879 kg de mercure ont été rejetés dans l'environnement (air, eau et sol) à partir de résidus d'amalgames dentaires.

Le Conseil canadien des ministres de l'environnement détermine que les concentrations de mercure présentes dans l'environnement au Canada justifient des efforts de réduction des rejets de mercure et de composés du mercure dans l'atmosphère et dans l'eau, qu'ils découlent d'une utilisation délibérée ou qu'ils soient accidentels.

2001

Le Standard pancanadien (SP) relatif au mercure dans les résidus d'amalgames dentaires est approuvé par le Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME).

  • Le standard a pour objectif la réduction de 95 % à l'échelle nationale les émissions de mercure provenant des résidus d'amalgames dentaires d'ici 2005, à partir des données de base de 2000, grâce à l'application de pratiques améliorées de gestion des déchets.
  • Les divers paliers de gouvernement adoptent des mesures initiales et préparent des plans détaillés de mise en œuvre. Des négociations avec l'Association dentaire canadienne et des associations dentaires locales sont entreprises pour promouvoir une mise en œuvre rapide.
  • Les divers paliers de gouvernement doivent faire connaître les progrès réalisés en 2004 et en 2007.
2002 Les pratiques de gestion bénéfiques sont acceptées dans un Protocole d'entente entre Environnement Canada et l'Association dentaire canadienne.
2003

Une première enquête nationale est menée auprès des dentistes de toutes les provinces et territoires au Canada :

  • Les données obtenues indiquent que 27 % des dentistes interrogés utilisaient des séparateurs d'amalgames dentaires homologués ISO, ce qui a permis une réduction d'environ 833 kg de mercure dans les flux d'eaux usées, en fonction des niveaux de rejets de mercure de 2000.
2003-2007

Environnement Canada favorise l'adoption du SP par tous les dentistes canadiens en participant à plusieurs conférences dentaires au Canada et en produisant des outils pour aider les municipalités à déterminer et réduire les sources de rejets de mercure dans les égouts. Environnement Canada prépare et distribue les documents suivants :

  • Actions municipales pour réduire le mercure, mars 2005
  • Pratiques de gestion optimales de déchets dentaires,avril 2005 (ne traduisent que les exigences réglementaires de l'Ontario)
2007

Une deuxième enquête nationale est menée auprès des dentistes de toutes les provinces et territoires au Canada :

  • Les données obtenues indiquent que 70 % des dentistes utilisaient des séparateurs d'amalgames dentaires homologués ISO, ce qui a permis une réduction d'environ 1427 kg de mercure dans les flux d'eaux usées, en fonction des niveaux de rejets de mercure de 2000.
2007

En octobre, le CCME publie le Rapport sur la conformité et évaluation pour le SP relatif au mercure dans les résidus d'amalgames dentaires. Le rapport :

  • conclut que l'objectif de réduction de 95 % des rejets de mercure des résidus d'amalgames dentaires n'avait pas été atteint.
  • recommande qu'Environnement Canada adopte d'autres mesures d'application en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) pour aider les administrations à atteindre les objectifs des SP.
2010

Le 8 mai 2010, Environnement Canada publie l'Avis sur la planification de la prévention de la pollution relative aux rejets de mercure provenant de résidus d'amalgames dentaires (l'Avis) qui énonce l'obligation d'élaborer et d'exécuter des plans de prévention de la pollution pour les rejets de mercure de résidus d'amalgames dentaires.

  • L'Avis cible les cliniques dentaires qui n'ont pas adopté les pratiques de gestion bénéfiques établies dans le Protocole d'entente, en exigeant qu'elles élaborent et exécutent des plans de prévention de la pollution pour les rejets de mercure de résidus d'amalgames dentaires.
2012

Environnement Canada mène une troisième enquête auprès des établissements de soins dentaires partout au Canada afin d'évaluer la mise en œuvre globale des pratiques de gestion bénéfiques pour les résidus d'amalgames dentaires et d'évaluer l'efficacité de l'Avis en ce qui concerne l'objectif de gestion des risques.

  • Les données obtenues indiquent que 97 % des dentistes utilisaient des séparateurs d'amalgames dentaires homologués ISO, ce qui a permis une réduction d'environ 1804 kg de mercure dans les flux d'eaux usées, en fonction des niveaux de rejets de mercure de 2000.

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