Paraffines chlorées : chapitre 3

3. Pénétration dans l'environnement

3.1 Production, importation et profil d'utilisation

Les données sur la production et l'utilisation des araffines chlorées (PC) au Canada ont été recueillies au moyen d'un avis publié dans la Gazette du Canada en vertu de l'article 71 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) [LCPE (1999)] [Environnement Canada, 2003a]. Les PC ne sont plus produites au Canada (Camford Information Services, 2001). La Pioneer Chemicals Inc. (antérieurement la ICI Canada), située à Cornwall (Ontario), était le seul producteur canadien de PC. Cette usine a récemment été vendue à la Dover Chemical Corporation et ne produit pas actuellement de paraffines chlorées. L'usine de Cornwall produisait des paraffines chlorées à chaîne moyenne (PCCM) et des paraffines chlorées à chaîne longue (PCCL), dont la teneur en chlore pouvait atteindre 56 %, sous le nom commercial de Cereclor (Camford Information Services, 2001). La capacité de production de l'usine a été de 5,0, 5,0, 8,5 et 8,5 kilotonnes en 1997, 1998, 1999 et 2000, respectivement, et les importations canadiennes correspondantes au cours de ces années étaient de 2,0, 2,0, 1,7 et 1,8 kilotonnes.

La quantité totale annuelle déclarée de PC utilisées au Canada (production et importation moins exportation) a atteint 3 000 tonnes environ en 2000 et en 2001 (Environnement Canada, 2003a). On ne sait pas si la même quantité est utilisée actuellement. La demande nord-américaine de PC fluctue en fonction de l'économie (Camford Information Services, 2001).

L'avis donné en vertu de l'article 71 de la LCPE (1999) a permis d'obtenir des données sur le profil d'utilisation des PC au Canada de deux façons (Environnement Canada, 2003a). En effet, les distributeurs de PC ont déclaré leur volume de ventes et l'utilisation prévue par leurs clients et les utilisateurs de PC ont indiqué la façon dont ils les utilisaient de même que l'utilisation finale des produits qu'ils fabriquaient. On a noté certains écarts entre les volumes des utilisations déclarées par les distributeurs et les utilisateurs, mais les utilisations concordaient de façon générale.

Pratiquement toutes les utilisations des paraffines chlorées à chaîne courte (PCCC) signalées avaient trait au travail des métaux. On comptait, comme utilisations mineures, l'ajout dans des plastiques et des caoutchoucs à titre d'ignifugeant.

La plus grande partie des utilisations des PCCM signalées par les distributeurs avait trait aux plastiques et aux additifs pour lubrifiants. Les utilisations moins importantes comprenaient les additifs pour les scellants et les calfeutrants, pour les caoutchoucs et les peintures, ou les ignifugeants dans des plastiques ou des caoutchoucs.

Les principales utilisations des PCCL avaient trait aux additifs pour lubrifiants, aux fluides de travail des métaux et aux peintures. Les utilisations de moindre importance avaient trait aux plastiques et aux ignifugeants, ainsi qu'aux huiles à moteur, aux adhésifs pour tissus et aux fluides de forage. De l'information supplémentaire sur les utilisations est donnée dans le document d'appui (Environnement Canada, 2008).

3.2 Rejets dans l'environnement au Canada

Rien n'indique actuellement l'existence d'une source naturelle appréciable de PC (U.K. Environment Agency, 2003). Il peut y avoir des rejets anthropiques dans l'environnement pendant la production, le stockage, le transport et l'utilisation commerciale ou individuelle de produits contenant des PC ou pendant l'élimination et le brûlage de déchets et l'enfouissement de produits contenant ces substances (Tomy et al., 1998a).

Les deux principales sources de rejet de PCCC, de PCCM et de PCCL dans l'environnement canadien découlent probablement de leur utilisation pour le travail des métaux et la fabrication de produits qui contiennent ces PC. Les sources possibles de rejet dans l'eau à partir d'activités de fabrication sont les déversements accidentels, le lavage des installations et le ruissellement des eaux pluviales. Les PC présentes dans les fluides servant au travail et à la coupe des métaux peuvent aussi être rejetées dans le milieu aquatique lorsqu'il y a élimination des fûts et entraînement de produits ou à partir des bains usés (Gouvernement du Canada, 1993a). Ces rejets sont recueillis par les réseaux d'égouts et se retrouvent dans les effluents des usines de traitement des eaux usées.

On compte, comme autres types de rejets, ceux provenant des contenants d'huile pour engrenages, les fluides utilisés pour l'exploitation minière en roche dure et les équipements d'autres types d'exploitation minière, les fluides et les équipements utilisés pour l'exploration pétrolière et gazière, la fabrication de tuyaux sans soudure, le travail des métaux et le fonctionnement des turbines marines (Chlorinated Paraffins Industry Association (CPIA)>, 2002; Environnement Canada, 2003b).

Au Canada, l'enfouissement est un important mode d'élimination des produits faits de polymères. À l'exception de légères pertes dues au lessivage par les eaux de percolation, les PC présentes dans ces produits devraient y demeurer. Le lessivage à partir des sites d'enfouissement est sans doute négligeable étant donné la forte liaison des PC avec le sol. De faibles émissions de ces produits, qui sont dissous dans des polymères, pourraient se produire pendant des siècles après leur élimination (Programme international sur la sécurité des substances chimiques (PISSC), 1996).

Les PC incorporées dans les polymères pourraient aussi être rejetées pendant le recyclage des plastiques qui peut comporter le déchiquetage, le broyage et le lavage des produits. Les PC rejetées sous forme de poussières par ces opérations s'adsorberaient aux particules à cause de leurs coefficients élevés de sorption et de partage octanol-air.

Une autre source appréciable de rejets de PC dans l'environnement résulte des pertes pendant l'utilisation de produits faits de polymères contenant des PC (polychlorure de vinyle (PVC), autres plastiques, peintures, scellants, etc.) [Commission européenne, 2000; U.K. Environment Agency, 2003]. Ces rejets devraient surtout être limités aux sols et aux eaux usées des zones urbaines ou industrielles.

3.2.1  Données de l'Inventaire national des rejets de polluants (INRP)

Depuis 1999, les rejets sur place dans l'environnement au Canada de PC (alcanes C10-13 chlorés et alcanes C6-18 chlorés) doivent être déclarés à l'Inventaire national des rejets de polluants (INRP) par les entreprises qui satisfont aux critères de déclaration. Selon les renseignements recueillis par l'INRP, de très petites quantités de PC sont rejetées dans l'environnement canadien par ces entreprises. En 2002, de petits transferts de PC à chaîne courte pour élimination par enfouissement (1,45 tonne) et recyclage par récupération des substances organiques (1,94 tonne) ont été déclarés à l'INRP par seulement deux entreprises situées en Ontario. Une quantité inférieure à 5 kg de rejet ou de transfert de PC C6-18 a été déclarée par une troisième entreprise de l'Ontario. En 2001, les trois mêmes entreprises ont déclaré des quantités semblables à l'INRP. Il est cependant à noter que des PC sont sans doute rejetées de sources extérieures aux secteurs industriels visés par l'INRP et que les rejets dans l'environnement canadien pourraient donc être considérablement supérieurs à ceux déclarés à l'inventaire.

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