État du lac Winnipeg : de 1999 à 2007 – Faits saillants

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Questions actuelles et nouveaux enjeux

Prolifération d’algues et toxines

Les proliférations d’algues existent depuis longtemps dans le lac Winnipeg. Cependant, depuis le début des années 1990, la biomasse du phytoplancton ainsi que l’intensité et la fréquence des proliférations d’algues ont augmenté et la composition du phytoplancton est maintenant dominée par les cyanobactéries. L’analyse paléolimnologique de carottes de sédiments dans le bassin sud du lac Winnipeg a révélé que la quantité totale d’algues a augmenté de 300 à 500 % au cours du XXe siècle et que tous les groupes d’algues ont augmenté au cours des 70 dernières années. Des enquêtes sur le phytoplancton menées en 1969 ont indiqué que, cette année-là, la biomasse moyenne était inférieure à 2 000 milligrammes par mètre cube et qu’elle était composée de divers groupes taxonomiques. Depuis 1999, la biomasse moyenne a augmenté progressivement jusqu’à plus de 4 000 milligrammes par mètre cube (2007), avec une prédominance de cyanobactéries.

La prolifération de cyanobactéries est particulièrement inquiétante à cause du risque de production de toxines nuisibles à la santé des êtres humains et d’autres animaux. La toxine microcystine-LR est produite par certaines espèces de cyanobactéries. On a détecté la présence de microcystines près des rives et sur les plages ainsi qu’au large du lac Winnipeg. De 1999 à 2007, les concentrations de microcystines au large du lac sont généralement restées assez faibles et bien inférieures aux lignes directrices concernant la qualité de l’eau potable et de l’eau utilisée à des fins récréatives. Cependant, dans les échantillons prélevés depuis 2000 près des rives et sur les plages du lac Winnipeg, on a relevé occasionnellement des concentrations élevées de microcystines dans le lac, ce qui représente un risque potentiel pour la santé des usagers récréatifs.

Plages

Image
Imagerie satellitaire de proliférations historiques d’algues dans le lac Winnipeg
Source : Données optiques en bandes du radiomètre perfectionnéà très haute résolution, G. McCullough

(cliquez pour agrandir l'image)

Dans le bassin sud du lac Winnipeg, les plages sont surveillées pour détecter la présence de la bactérie fécale indicatrice Esherichia coli (E. coli). Escherichia coli est une bactérie que l’on trouve en grand nombre chez tous les animaux à sang chaud, y compris les êtres humains, les animaux d’élevage, les animaux sauvages et les oiseaux. Bien qu’en elle-même la bactérie E. coli ne soit généralement pas à l’origine de maladie, lorsqu’elle est présente en grand nombre, le risque de tomber malade à cause d’autres organismes est élevé. Les maladies les plus courantes que contractent les baigneurs sont les infections des yeux, des oreilles, du nez et de la gorge, ainsi que le dérangement intestinal. De 2004 à 2009, les densités d’E. coli enregistrées sur les plages du lac Winnipeg ont occasionnellement dépassé l’objectif du Manitoba concernant la qualité de l’eau utilisée à des fins récréatives. Cependant, ces densités sont généralement revenues à des limites acceptables dans les 24 heures. Sur le côté est du lac Winnipeg, les densités d’E. coli supérieures à l’objectif étaient plutôt moins fréquentes sur les plages. Selon les résultats d’un échantillonnage poussé, la bactérie E. coli présente dans le sable des plages est transférée dans l’eau, près de la rive où se baignent les gens, lorsque l’eau du lac monte sous l’action de vents forts venant du nord. Selon des analyses génétiques, les oiseaux de rivage et les oies constitueraient la plus grande source connue d’E. coli dans le sable des plages.

Espèces aquatiques envahissantes

Les espèces aquatiques envahissantes sont des organismes non indigènes qui ont été introduits par l’être humain dans des zones extérieures à leurs aires naturelles. Elles peuvent disputer aux espèces indigènes la nourriture et d’autres ressources, et elles peuvent aussi avoir des effets majeurs sur la fonction des écosystèmes, leur valeur économique ainsi que sur la santé humaine. On sait qu’il existe déjà cinq espèces aquatiques envahissantes dans le lac Winnipeg : la carpe, l’éperlan, le bar blanc, le cladocère Eusbomina coregoni et le ténia asiatique. On s’inquiète de la présence possible de moules zébrées qui ont récemment été découvertes dans la partie américaine du bassin hydrologique de la rivière Rouge. Le cladocère épineux a été repéré en 2010 en aval du barrage de la Pointe du Bois, sur la rivière Winnipeg, et il risque d’atteindre le lac Winnipeg dans les quelques prochaines années s’il n’y est pas déjà présent. Parmi les autres menaces potentielles pour le lac Winnipeg, citons les suivantes : l’écrevisse américaine, le virus d’herpès de la carpe koï, l’algue noire et la moule quagga. Même s’il est difficile de prédire leurs répercussions sur le lac Winnipeg, ces espèces risquent de modifier les liens écologiques entre les espèces indigènes et de nuire à la santé et à la fonction des écosystèmes, à leur valeur économique et à la santé humaine.

Changement climatique

La modélisation informatisée prévoit que, dans la région du lac Winnipeg, les températures de l’air vont considérablement augmenter au cours du prochain siècle et que les températures des eaux de surface s’élèveront en conséquence. Une augmentation de 2,0°C des températures de l’eau au milieu de l’été pourrait toucher de façon négative jusqu’à 12 espèces de poissons que l’on rencontre fréquemment dans le lac Winnipeg, notamment l’esturgeon jaune, le touladi et la lotte. Les espèces vivant en eau chaude, notamment le doré jaune, la perchaude et le bar blanc devraient en tirer des avantages. De plus, la fonte printanière plus précoce et l’englacement plus tardif pourraient allonger la saison des eaux libres et donc contribuer à l’accroissement de la productivité biologique et à la dynamique des nutriments dans le lac, et elles pourraient aussi modifier la quantité d’eau disponible du fait de l’évolution des pertes par évaporation.


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